Il en parle ainsi dans Le récit du pèlerin, un petit ouvrage où est relatée cette expérience étonnante : « Il allait donc ainsi, tout à ses dévotions, et s’assit un instant, le visage tourné vers la rivière [le Cardoner] qui coulait en bas. Alors qu’il était assis là, les yeux de son entendement commencèrent à s’ouvrir. Non pas qu’il vit quelque vision, mais il comprit et connut de nombreuses choses, aussi bien des choses spirituelles que des choses concernant la foi et les lettres, et cela avec une illumination si grande que toutes ces choses lui paraissaient nouvelles. » [n°30]
Nous aussi, nous pouvons formuler le vœu de voir toute chose nouvelle. Mais cela ne concerne pas uniquement la découverte de nouveautés : nouvelle rentrée, nouvelle classe, nouveaux élèves, nouveaux collègues, peut-être aussi nouveaux programmes ! Il s’agit aussi d’être disposé à voir autrement ce que nous pensons bien connaître. Il y a là une aptitude bien plus délicate et exigeante. Voir comment tel élève a pu et su évoluer ; voir comment tel collègue n’est pas réductible à l’image que je m’en fais ; voir comment nous pourrions transformer ce qui semble installé depuis bien longtemps ; voir un chemin pour aller de l’avant, pour grandir, pour améliorer des situations qui semblent inextricables et contribuer positivement.
L’enjeu du renouvellement est majeur dans l’art d’enseigner. Il l’est tout autant dans la manière de conduire sa propre existence ou d’envisager ses engagements professionnels ou personnels. Il y va d’une aptitude à modifier son regard, à creuser plus finement ses analyses, à explorer plus avant les replis de son cœur, à tenter des manières de faire différentes.
Saint Paul le disait à sa façon dans l’Épître aux Romains (12, v.2) : « Ne prenez pas le monde présent pour modèle, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. »
Alors oui, essayons ! Soyons imaginatifs… à plusieurs si possible, car l’intelligence collective contribue énormément à soutenir ce genre d’effort. Mais cela en vaut la peine. Pour nous y aider, je souhaite mettre en avant deux choses : le grand rassemblement Loyola XXI à Barcelone d’une part et, d’autre part, l’approfondissement des enjeux écologiques dans notre réseau.
Loyola XXI : un temps fort pour notre réseau
Nous allons vivre un grand rassemblement des adultes de notre réseau Loyola-Éducation en Catalogne du jeudi 7 au dimanche 10 novembre 2024. C’est une chance et une belle occasion pour faire connaissance, pour resserrer nos liens, pour partager nos expériences et vivre des moments conviviaux. Je formule le souhait que ce temps privilégié permette un partage ultérieur dans nos différentes communautés éducatives. Là aussi, profitons de cette opportunité pour nous renouveler, pour envisager les choses autrement. La brève visite que nous ferons aux établissements jésuites de Barcelone nous y incitera.
Un accent particulier sur la transition écologique
Nous mettrons un accent plus spécifique cette année dans notre réseau sur les enjeux de l’écologie intégrale. Vous vous souvenez de la quatrième Préférence Apostolique Universelle de la Compagnie de Jésus (PAU 4) : « Travailler avec d’autres pour la sauvegarde de notre Maison commune ». L’année dernière nous avons mis en place une commission écologie assez fournie qui s’est divisée en trois sous-commissions pour structurer sa réflexion. Le travail a été intense et riche. Et nous avons la joie de vous faire parvenir en cette rentrée ses résultats et conclusions. Cela va vous parvenir sous la forme synthétique d’un « Résumé exécutif – Former pour transformer » en grand nombre, et sous la forme d’un « Livre blanc – Former pour transformer – Loyola-Éducation en transition » en nombre plus limité. Ces deux documents sont tous accessibles en format numérique bien sûr. N’hésitez pas à vous en saisir pour creuser ces enjeux et évaluer dans quelle direction votre établissement pourrait s’engager davantage. Je tiens à souligner en particulier que le Livre blanc est une mine d’idées, de ressources et de partage d’expérience. Notons en passant que ce type de synthèse semble encore très peu fréquent dans le monde de l’Enseignement catholique. Nous gagnons donc à nous y intéresser et, si possible à être en pointe ! Tout cela nous invite à avancer, à enrichir nos pratiques pédagogiques, à évaluer les pas supplémentaires que nous pourrions faire dans l’enseignement, la pastorale, la vie scolaire et la gestion des bâtiments.
« Que ce désir de renouvellement puisse nous habiter et nous soutenir dans nos efforts.
Bonne rentrée 2024 à toutes et à tous ».
Dans une même Espérance,
Père Sylvain Cariou-Charton s.j.
Délégué du Provincial jésuite pour les Établissements scolaires jésuites en France